Visiter la Corée du Sud à vélo : l’expérience de Frédéric

Frédéric Albert est un cycliste chevronné. De son premier voyage à vélo en Irlande, dans les années 2000, puis de ceux qui ont suivi en Angleterre et en Espagne, il a publié un premier livre il y a cinq ans, Les tribulations d’un cycliste qui ne voulait pas le maillot jaune, qui racontait son expérience et ses découvertes sur les routes européennes.

Pour notre plus grande joie, il récidive aujourd’hui en nous proposant un nouvel opus, Tribulations coréennes, où il revient sur son séjour d’un mois en Corée du Sud, en avril et mai 2018, et sur la boucle de plus de 1000 km qu’il a parcourue à cette occasion, entre villes et montagnes.

Je ne connaissais pas Frédéric avant de découvrir son compte sur Instagram, mais je ne pouvais pas manquer de vous présenter son travail. Je suis fascinée par les cyclistes-voyageurs, leur aisance naturelle à parcourir des lieux qui ne leur sont pas familiers, leurs aventures pittoresques et leur vision du voyage, synonyme de belles rencontres et de laisser-aller. J’avais déjà interviewé Pierre, qui avait relié Séoul à Busan à vélo la même année à l’automne, et je suis heureuse de pouvoir à nouveau vous proposer de revivre cette belle expérience avec Frédéric.


Bonjour Frédéric. Première question, et j’irai droit au but : pourquoi la Corée du Sud ?

J’ai découvert la culture coréenne en Espagne, où je m’occupe d’une pension depuis plusieurs années. La propriétaire est coréenne, et plus de 60% des touristes qui y logent sont d’origine sud-coréenne. Nous proposons des sorties pour découvrir la Catalogne, déguster du bon vin, etc. L’environnement (nourriture incluse) est donc très coréen et l’ambiance familiale. Nous sommes proches des clients, certains sont devenus de très bons amis au fil du temps.

Un jour, ma patronne m’a dit : « Pourquoi ne pas visiter la Corée pour ton prochain voyage à vélo ? ». En effet, pourquoi pas ? Poussé par la curiosité, j’y suis allé au printemps 2018, et mon livre, ou plutôt mon roman graphique comme je préfère le nommer, retrace cette expérience.

Crédit photo : Frédéric Albert. Illustration : Israël Parada.

Comment as-tu choisi ton trajet et comment t’es-tu organisé ?

Je savais qu’il existait une piste cyclable entre Incheon et Busan, qui passe par Séoul. Quand je suis arrivé, je ne suis pas parti immédiatement sur les routes, j’ai logé trois jours dans la famille d’un ami qui habite Suwon. J’ai donc relié Busan depuis Suwon, puis je suis remonté à Séoul en passant par Tongyeong (une ville côtière du Gyeongsannam-do), le mont Jiri (Jirisan), et la ville de Jeonju.

Je n’ai pas particulièrement organisé mon voyage, j’ai laissé une grande part à l’improvisation. J’avais prévu quelques points de chute, à Suwon donc, mais aussi à Busan et Jeonju. Pour le reste, je me suis laissé aller à l’aventure. C’est une façon de voyager que j’apprécie de plus en plus avec le temps.

Est-ce que cela n’a pas été difficile de voyager dans un pays dont on ne connaît pas la langue ? Comment faire en cas de souci ?

Ne pas parler coréen n’est pas un problème, car il est toujours possible de converser en anglais, même a minima. Il faut savoir dire quelques phrases basiques, comme « J’ai faim » et tout devient facile ! Les Coréens sont très accueillants, et toujours là pour vous aider en cas de besoin. Dans tous les cas, l’aspect exotique de la langue fait partie de l’aventure.

Côté vélo, c’est un mode de transport qui se développe en Corée du Sud, on trouve des magasins assez facilement. Donc il n’y a pas d’inquiétudes à avoir de ce point de vue-là. Ensuite, la Corée est un pays aussi facile à visiter qu’une autre destination : il y a la 4G ou la 5G partout, avec un bon GPS et une application comme Naver Maps, il est impossible de se perdre.

Côté nourriture, là encore, ce n’était pas un problème : la gastronomie coréenne est magnifique, variée, et pas aussi piquante qu’on le dit. J’ai même goûté les fameux sannakji, petits morceaux de poulpe vivant, tout juste coupés. Je raconte tout ça dans le livre.

Crédits photos : Frédéric Albert.

As-tu fait de belles rencontres lors de ton séjour ?

Je le redis, les Coréens sont accueillants et aiment rendre service. La Corée du Sud ne subit pas le tourisme de masse comme la Thaïlande ou le Vietnam. Il y a une part d’étonnement, les gens ne sont pas du tout blasés par la présence de touristes occidentaux. Avec mon mètre 90, j’ai attisé beaucoup de curiosité ! La gentillesse des Coréens, l’envie de rendre service, c’est vraiment ce qui m’a le plus marqué. J’ai de très beaux souvenirs de la pension dans laquelle j’ai logé à Tongyeong, les moments passés sur les marchés, les rencontres faites sur la route. Par exemple, alors que j’avais croisé la route d’un groupe de Singapouriens, et que nous nous étions arrêtés affamés dans un restaurant au bord d’une route, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que le repas avait été discrètement payé par un client solitaire qui nous avait salué lors de notre arrivée !

Il m’est même arrivé de passer une journée entière avec un groupe de jeunes qui faisaient du paint ball (un sport dans lequel les joueurs éliminent leurs adversaires en les touchant avec des billes de peinture), sûrement dans le cadre d’un team building d’entreprise.

C’est tout ce qui fait la particularité d’un voyage à vélo, contrairement à un voyage plus classique, en train par exemple. Le vélo amène les gens à se montrer plus curieux, plus ouverts, il ouvre beaucoup de portes.

As-tu éprouvé des regrets, ou bien vécu des moments plus difficiles lors de ton périple ?

Si j’avais un seul regret, ce serait de ne pas avoir voyagé dans des coins plus « sauvages ». J’aurais aimé partir plus à l’Est, parcourir plus de montagnes. La Corée du Sud est très urbanisée, c’est un beau pays, mais relativement dense. Il faut vite s’échapper des grands centres urbains, découvrir ses temples et son riche passé culturel, qui tranche avec la modernité actuelle.

Mon premier jour à vélo a été plutôt une mauvaise expérience : les routes sont beaucoup trop fréquentées et en voiture, il faut dire que les Coréens ne respectent pas beaucoup le code de la route, ni les cyclistes. Le rétro est l’accessoire indispensable, et j’en ai fait installer un dès mon arrivée !

Frédéric à la découverte des Love Hotel. Crédit photo : Frédéric Albert.

Pourquoi, au final, choisir d’éditer un carnet de voyage illustré sur cette expérience en Corée du Sud ?

Ce roman graphique est le deuxième que j’écris. J’adore écrire. Mais je ne voulais pas seulement raconter mon voyage. Je voulais aussi mettre en avant l’histoire et la culture coréenne. Les illustrations sont celles d’Israël Parada, un ami professeur de dessin. Elles s’appuient sur mes photos, mais aussi sur mes anecdotes. On a collaboré ensemble, notamment pour retranscrire au mieux mes émotions.


Parfois, on se demande si l’on va pouvoir voyager facilement en Corée du Sud. Quand on est seul(e), la question peut même aller jusqu’à prendre des allures de quête philosophique ! Mais lorsqu’on écoute les cyclistes-voyageurs, on se rend compte que tout est dans la tête : nos interrogations, nos doutes, nos craintes. Frédéric confirme, comme Pierre l’avait fait avant lui, que se lancer sur les pistes cyclables de Corée n’a rien d’une aventure impossible, que l’on se soit ou non minutieusement préparé. Alors bien sûr, il y a des précautions élémentaires à prendre, pour s’assurer un minimum de sécurité. Connaître ses limites et ne pas les dépasser. Mais j’espère que ce témoignage vous aura convaincu de vous lancer un jour, si c’est une aventure à laquelle vous aspirez.

De mon côté, j’ai pris un réel plaisir à lire l’ouvrage de Frédéric : récit personnel de voyage à l’écriture fluide, illustrations pleines d’humour qui accompagnent parfaitement les anecdotes de l’auteur, regard lucide sur un pays en pleine évolution mais soumise à un certain nombre de carcans. La volonté de mettre à bas certains clichés ne cache en rien l’enthousiasme de Frédéric pour ce pays. Il envisage un second voyage, un jour. C’est ce que je lui souhaite de tout cœur.


Tribulations coréennes.
Frédéric Albert. Illustrations de Israël Parada.
Éditions Roule Ma Poule, 2021
ISBN : 978-2-9580761-1-5
97 pages
19 EUR

Commander le livre : Librairie Le Phénix

Site web de l’auteur : www.lestribulationsduncycliste.blogspot.com

5 commentaires

  1. Jai visité en 2018 corée sud et je veux le refaire voyage par vélo c’est mon objectif
    Je veux contactr les associations pour ce challenge
    Merci de me contacter

    • Bonjour, merci pour votre message. Nous ne sommes pas une association, nous ne pouvons pas vous aider. Mais nous vous souhaitons de réaliser votre objectif prochainement. Fightting !

    • Bonjour Hamdi
      Avez vous trouvé des associations pour vous aider dans vos démarches
      Cela m’intéresse
      Merci de votre réponse

  2. Bonjour de FRANCE
    Nous sommes 4 cyclistes voulant faire en avril 2024 à vélo, la traversée de la Corée du Sud par la piste cyclable Séoul-Busan.
    N’ayant aucun document sur cet itinéraire, nous recherchons sur Séoul des Associations de Français expatriés, ou des club de vélo
    Coréen, pouvant nous guider sur ce périple, et cette ville à visiter.
    Si toutefois vous pouvez nous communiquer des sites pour pouvoir les contacter, merci

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