Si vous vous rendez au Japon, et que la Corée du Sud vous manque trop, surtout pas de panique ! Vous trouverez à Tôkyô un authentique quartier coréen, qui rassemble sur quelques kilomètres certains des éléments qui font le charme de la péninsule coréenne : des magasins de kpop, des chaînes de k-beauty, des restaurants de bibimpap, et plein d’autres choses encore.
Ce Koreatown nippon se trouve à Shin-Ôkubo, à une station de train de Shinjuku. À peine sorti de la gare, le dépaysement est garanti ! C’est simple, on se croirait à Séoul. J’ai eu l’occasion de visiter ce sympathique quartier lors de mon dernier séjour à Tôkyô, et j’ai bien envie de vous le présenter. On y retourne ensemble ?
Des samouraïs du moyen-âge aux résidents coréens actuels
Entre les gares de Shin-Ôkubo et Ôkubo, il existe donc un petit quartier dont la renommée remonte au 17e siècle. À l’époque, une centaine de guerriers samouraïs y étaient stationnés, et c’est pourquoi il portait – et porte toujours – le nom de Hyakuninchô, le « bourg aux cent personnes ». Ces samouraïs avaient pour mission de défendre le shôgun Tokugawa Ieyasu et sa famille, installés non loin de là, dans l’arrondissement de Shinjuku. Les maisons de Hyakuninchô avaient pour particularité d’être construites en longueur, avec des façades qui donnaient sur la rue. Elles étaient donc idéales pour se défendre contre les intrus.
Plus tard, ces mêmes maisons ont attiré les intellectuels et les artistes : des écrivains y côtoyaient des musiciens renommés. Après la Seconde Guerre mondiale, les magasins de musique ont fleuri un peu partout, accompagnant ainsi le développement de l’industrie du divertissement au Japon.
Les Coréens sont arrivés plus tard. En effet, ce n’est qu’au début des années 80 que la Corée du Sud a levé ses restrictions sur les voyages à l’étranger. Nombreux sont ceux qui sont partis à Tôkyô à la recherche d’un emploi. Deux raisons les ont poussés à s’installer à Shin-Ôkubo : la proximité du quartier « chaud » de Kabukichô, où il était facile de trouver un travail de nuit ; et la présence de l’usine de confiserie de Lotte, à Shinjuku, qui cherchait à recruter une nouvelle main d’œuvre.
Aujourd’hui, il y a plus de 500 000 Coréens qui sont résidents permanents au Japon. C’est la deuxième plus grande communauté étrangère après celle chinoise. Tous n’habitent pas Shin-Ôkubo, loin de là. Mais ce quartier coréen, non-officiel, reste un lieu de rassemblement pour les amateurs de dramas et de kpop. Il n’est pas rare d’y croiser des artistes de rue coréens, qui veulent percer dans l’industrie musicale japonaise. On peut donc s’y divertir gratuitement, tout en se promenant, un peu comme dans le quartier de Hongdae, à Séoul.
Little Korea
En sortant de la petite gare, il est impossible de manquer les deux principales rues commerçantes avec leurs grands panneaux publicitaires et leurs couleurs bariolées : Ôkubo-dôri à gauche, Shin-Ôkubo-dôri à droite. Je choisis de m’engager sous le pont, à droite, car une jolie fresque attire mon œil. Elle me rappelle les peintures murales que l’on trouve partout en Corée du Sud. Je ne me sens déjà plus à Tôkyô. J’avance dans la rue, un sourire aux lèvres.
Les petites boutiques de produits coréens se suivent les unes après les autres : certaines proposent des produits issus de la culture pop, CD et DVD musicaux, posters ou accessoires à l’effigie des artistes les plus connus. D’autres vendent plutôt des cosmétiques, comme les fameux masques en coton imbibés qu’on achète à la douzaine. Les épiceries coréennes complètent le paysage. « Kpop Live », « Tony Moly », « Feel Korea » : même si les enseignes ont toutes leurs pancartes rédigées en japonais, il y a comme un petit air de Corée qui flotte dans l’air.
À côté de ces boutiques, on trouve de nombreux restaurants et cafés coréens. Je vois aussi plusieurs stands de street food, dont certainement vendent les hotteok que j’aime tant. Je commence à avoir faim, et les immenses menus illustrés me donnent l’eau à la bouche : 7 euros le bol de kimchi jjigae, entre 8 et 10 euros le bibimpap, c’est évidemment bien plus cher qu’à Séoul.
Il y a des bars aussi, même si on ne les voit pas au premier coup d’œil. Le soir venu, le quartier est beaucoup plus animé qu’en journée. Si vous aimez les ambiances festives, c’est mieux d’y aller en soirée.
En quittant l’artère principale et en m’engageant dans les ruelles attenantes, je retrouve un quartier à l’allure résidentielle. Tout y est beaucoup plus calme, les bruits des commerces s’estompent. Je continue à me balader, sans but précis. Je suis venue poussée par la curiosité, et je ne suis pas déçue, même si je ne reste pas plus d’une heure sur place. Le Japon m’appelle !
Si vous envisagez de voyager au Japon, sachez qu’il est tout à fait possible de loger à Shin-Ôkubo, car on y trouve de nombreux hôtels bons marchés. De plus, nous sommes ici au centre de la capitale, sur la ligne de train circulaire Yamanote-sen. Évitez peut-être la zone qui jouxte le quartier de Kabukichô, car il y a essentiellement des love hotel. Toutefois, les risques de faire des mauvaises rencontres sont minimes : nous sommes à Tôkyô, l’une des villes les plus sûres au monde ^^.
Pour vous y rendre
En japonais : 新大久保 (Shin-Ôkubo)
Transport : Gare de Shin-Ôkubo (新大久保駅, Shin-Ōkubo-eki), sur la ligne Yamanote-sen (JR East) à Tôkyô. Prendre à droite sous le pont en sortant de la gare.