L’île de Jeju est la plus grande des îles de Corée du Sud. Connue pour ses paysages naturels, tels ses formations volcaniques ou encore ses plages, elle l’est aussi par une de ses particularités culturelles : les haenyeo.
Qui sont les Haenyeo ?
Haenyeo signifie littéralement « femme de la mer ». Ce terme désigne une plongeuse en apnée qui travaille à la collecte d’algues, de mollusques et de coquillages.
La plongée est une activité qui remonte à la période des Trois Royaumes (57 av. J-C – 668). En effet, l’île de Jeju fournissait des perles aux souverains de cette époque. Mais la première inscription officielle de l’activité des plongeuses de Jeju remonte à 1629 durant la période Joseon (1392-1910).
Comment se fait-il que les femmes de l’île travaillent, alors que dans le reste de la péninsule coréenne, le travail des hommes est la norme ? Plusieurs raisons sont à l’origine du travail des haenyeo.
La première raison est d’ordre physiologique : le corps des femmes est composé de davantage de graisse que celui des hommes et est mieux adapté aux températures froides des eaux de Jeju en hiver.
La seconde raison est d’ordre économique : le travail des hommes était taxé, alors que celui des femmes ne l’était pas. Il était donc plus avantageux que les femmes travaillent.
La troisième raison est que les hommes étaient souvent absents : soit ils partaient à la pêche en bateau, soit ils rejoignaient les troupes pendant les périodes de guerre. Les habitants de l’île, située loin de la péninsule, devaient subvenir à leurs propres besoins, et les femmes devaient donc souvent se débrouiller seules.
Les jeunes filles débutent leur formation de haenyeo à partir de 7 ou 8 ans, au moment où elles apprennent à nager. Puis elles s’exercent à la plongée à partir de 15 ans, pour commencer à réellement travailler vers 17 ou 18 ans. Devenir plongeuse requiert une bonne condition physique, notamment en ce qui concerne les capacités pulmonaires, l’aptitude à supporter la pression atmosphérique et la résistance à l’eau froide. De plus, la connaissance de l’écosystème marin est primordiale pour cette activité. C’est un savoir qu’elles se transmettent de génération en génération.
Il y a aujourd’hui des organismes qui régulent et réglementent l’activité des plongeuses, notamment en matière de conditions de travail, mais aussi de restrictions concernant les produits collectés et les périodes de collecte.
Les haenyeo étaient encore des dizaines de milliers dans les années 1960. Elles ne sont plus que quelques milliers de nos jours. L’âge moyen de ces plongeuses tend à s’élever, plus de 80 % d’entre elles ont plus de 60 ans. C’est un travail difficile et dangereux. De nos jours, les jeunes filles font des études et n’aspirent plus à être plongeuse pour subvenir à leurs besoins.
La culture des haenyeo de Jeju est enregistrée, depuis décembre 2016, en tant que patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. C’est une distinction que l’UNESCO a voulu attribuer pour honorer une activité traditionnelle qui préserve l’environnement et la transmission communautaire du savoir.
Présentation du musée des haenyeo
Dans le but de rendre compte et partager leur histoire, un musée dédié à ces haenyeo a été ouvert sur l’île. Il comporte quatre halls différents dont un réservé aux enfants.
Le premier hall est consacré à la vie quotidienne des haenyeo et des habitants de Jeju. Il présente leur habitat, leurs coutumes, leurs vêtements, les spécialités culinaires locales et les objets qu’ils utilisent au quotidien.
Le second hall est consacré aux équipements et outils de travail des haenyeo ainsi que leur évolution au fil du temps. Les équipements datant d’avant les années 1970 étaient plus rudimentaires que ceux d’aujourd’hui. Autrefois, elles enfilaient de légers vêtements en coton pour plonger. Désormais elles disposent de combinaisons de plongée en néoprène. Ces combinaisons les préservent du froid et elles peuvent rester dans l’eau plus longtemps.
Le troisième hall est consacré à la vie professionnelle des haenyeo, à travers des témoignages ou documentaires vidéo, et la reconstitution d’une cabane dans laquelle les plongeuses se reposent.
Enfin, le quatrième hall réservé aux enfants permet de découvrir et de comprendre le travail des plongeuses à travers des vidéos ou des activités ludoéducatives.
Informations pratiques
Horaires d’ouverture : 9h00 – 18h00 (billetterie ouverte jusqu’à 17h00).
Fermeture : Jour de l’An (1er janvier), Seollal (1er jour du calendrier lunaire), Chuseok (15ème jour du 8ème mois du calendrier lunaire), le premier et le troisième lundi de chaque mois.
Prix d’entrée : 1100 wons (0,80 euros) pour les adultes entre 25 et 64 ans, 500 wons (0,40 euros) pour les jeunes de 13 à24 ans; gratuit pour les enfants et les seniors.
Comment s’y rendre
Le musée étant situé dans la partie nord-est de l’île, prenez le bus 701 qui dessert toute la côte est entre Jeju Intercity Bus Terminal et Seogwipo Intercity Bus Terminal. Puis, descendez à l’arrêt Haenyeo Museum (ou l’arrêt Sangdo-ri Entrance, si vous cherchez votre itinéraire depuis un plan imprimé). Le musée se trouve derrière le monument dédié au mouvement anti-japonais des haenyeo de Jeju.
À ne pas manquer
Le festival des haenyeo de Jeju est un événement annuel, organisé en septembre ou octobre, dans lequel toutes les plongeuses de l’île sont conviées. Différentes activités y sont organisées, comme des concours de chants ou de plongée.
Lors de votre séjour sur l’île de Jeju, arrêtez-vous au musée des haenyeo et laissez-vous envoûter par le chant des sirènes !
Crédits photo de couverture : @Kim Yeong-Chan (Wikimedia commons)
J’ai vu un documentaire sur ces femmes. vraiment incroyable
Bonjour Manuel, merci beaucoup pour le commentaire. Oui, ce sont des femmes incroyables. Elles exercent une activité difficile et dangereuse qui requiert une bonne condition physique.
Je suis curieuse de connaître le documentaire mentionné, quel est son titre? Merci 🙂