À peine débarquée à Séoul fin octobre, j’ai découvert dans les rayonnages de la librairie Kyobo « La culture coréenne en 100 mots : manuel de lecture bilingue à l’usage des apprenants français » de Cho Yong-hee, Han Yumi et Tcho Hye-young. Voir une couverture de livre en français parmi des centaines de titres en anglais et en coréen, ça fait toujours son petit effet et je l’ai donc acheté sans trop me poser de questions (et surtout parce que je pense beaucoup à toi, cher lecteur).
Il est publié aux éditions Darakwon depuis le 13 octobre dernier, et vous pouvez le commander depuis la France (je vous donne les références exactes en fin d’article). Il a été co-écrit par un professeur remarquable dont j’ai suivi le cours de préparation au TOPIK en 2013 (Han Yumi, pour ne pas la citer), mais cela ne devrait pas m’influencer. De même, comme je ne me suis pas rendue à la présentation du livre au Centre culturel coréen ce jeudi, je ne réponds à aucune commande et je pense pouvoir donner un avis impartial.
La maquette de l’ouvrage
J’aime beaucoup la couverture toute blanche, et l’illustration joliment naïve qui l’accompagne (le fleuve Han et quelques éléments représentatifs de Séoul). D’une manière générale, la maquette est pourtant relativement classique: à gauche une image incarnant la notion culturelle abordée sous laquelle se trouve un texte en coréen plus ou moins court (entre 6 et 10 lignes) plus deux questions qui trouvent leur réponse en fin de volume; à droite, le texte traduit en français, parfois accompagné d’une illustration complémentaire, suivi d’une liste de vocabulaire et d’expressions tirées du texte (voir plus bas).
L’approche enseignée
Les auteures nous expliquent en préambule ce qui a motivé la réalisation de ce manuel de langue un peu particulier: enseignant depuis plus de dix ans au Centre culturel coréen à Paris, et confrontées au succès de la « vague coréenne » (hallyu) qui explique l’engouement actuel des jeunes (et moins jeunes) pour l’apprentissage du coréen, elles ont vite compris que les apprenants, s’ils maîtrisaient parfaitement la culture populaire, ne possédaient du pays qu’une connaissance superficielle, au détriment de son histoire, de sa société ou de sa culture artistique. Elles ont également souhaité dépasser l’approche traditionnelle de tout enseignement de langue (à savoir des « dialogues quotidiens » suivis d’explications grammaticales et d’exercices de mise en pratique) en proposant un manuel de lecture « intégrant de plus vastes aspects de la culture coréenne ». Je trouve l’idée excellente et en effet, ça change de ce que l’on trouve habituellement.
Les 100 mots sélectionnés ont été classés dans six chapitres : 1. Emblèmes de la Corée; 2. Vêtements, cuisine, habitation; 3. Géographie et tourisme; 4. Société et vie quotidienne; 5. Histoire et religions; 6. Art et culture.
Les niveaux
Chaque mot est suivi de 1, 2 ou 3 étoiles, qui indiquent le niveau de difficulté: une étoile pour le niveau débutant, 2 étoiles pour le niveau intermédiaire et 3 étoiles pour le niveau avancé. Respectivement cela correspond à 35, 47 et 18 mots. Deux remarques s’imposent: lorsque je dis « niveau débutant », cela signifie « niveau acquis » (un élève ayant suivi entre 80 et 120h de cours selon les auteures). L’ouvrage ne s’adresse donc pas du tout aux « vrais » débutants. Quant à ceux ayant un niveau avancé, ils y trouveront moins de ressources que les autres.
Les trois photos qui suivent vous offrent un aperçu de la maquette et du contenu par niveaux.
L’objectif pédagogique
Les compétences à mettre en œuvre sont essentiellement doubles: développement de la lecture et apprentissage du vocabulaire. Pour que cela soit efficace, je vous conseillerais de cacher la partie en français, et de ne vous y référer qu’à la toute fin, quand vous aurez lu (et éventuellement traduit) le texte en vous aidant du vocabulaire à droite. Les auteures du livre estiment que cette méthode permet également d’étudier la grammaire, ce dont je doute un peu. Certes les notions sont vues « en contexte », mais elles ne sont jamais explicitées. Il faudra donc accompagner cette lecture d’autres manuels si on veut également aborder la grammaire coréenne.
Comme je le disais précédemment, chaque mot est accompagné de deux questions, qui visent à vérifier la compréhension du texte, mais qui relèvent plus de l’anecdotique selon moi. Il convient d’y répondre sans passer par la version française (sinon c’est trop facile). Les réponses sont données en annexe. A ce propos, j’ai une petite remarque: même si l’annexe ne comporte que huit pages, ce n’est pas très facile de s’y repérer, car il faut avoir préalablement noté dans quel chapitre on se trouve et le numéro du mot dans le chapitre. Or toutes les pages se ressemblent, ça complique la tâche. Soit il faudrait changer la couleur de fond de la page de droite pour que chaque chapitre ait une couleur dédiée (cela créerait une « séparation » visuelle plus facile à percevoir), soit il faudrait simplement ajouter à côté de chaque question: « la réponse est en page […] ». Cela simplifierait la recherche.
Pour finir, l’ouvrage propose un lexique en coréen (et j’ajouterais, en hangeul uniquement) avec pour chaque mot sa traduction française et la ou les pages où il apparaît. Cela permet de se créer des listes de vocabulaire à réviser (je vois très bien ça sous forme de flashcards), c’est toujours un bon point.
Conclusion
Pour résumer, « La culture coréenne en 100 mots » est un ouvrage bilingue de facture classique mais dont le contenu répond à un réel besoin de lecture et de compréhension de texte, ce qui n’avait pas encore été proposé jusqu’à présent. Doublé d’une vraie introduction à la culture coréenne dans tous ses aspects, il permettra à tous les apprenants d’étudier « utilement », tout en approfondissant leur connaissance de la péninsule. Il gagnerait à être complété d’un CD audio, car lorsque l’on étudie seul, on peut avoir du mal à poser sa voix et douter de sa prononciation. Un complément qui sera peut-être proposé lors d’une seconde édition ?
Pour vous le procurer :
La culture coréenne en 100 mots / Cho Yong-hee, Han Yumi, Tcho Hye-young
Darakwon, 2016
ISBN :978-89-277-3170-2
271 pages
18 000 wons (vendu 35 euros en France)
Disponible en ligne chez Cultura