L’apparition des premières céramiques dans la péninsule coréenne remonte au néolithique, environ 7000 ans avant notre ère. Elles ont connu un lent processus d’évolution qui les ont fait passer du statut de simples objets du quotidien à celui d’œuvres d’art, à la beauté subjuguante. Accompagnant l’évolution historique et sociale de la Corée, elles représentent aujourd’hui un domaine artistique à part entière et nombreux sont les artistes contemporains qui sont reconnus sur la scène internationale.
Entre ustensiles du quotidien et objets funéraires
Les premiers vases en céramique étaient utilisés pour stocker l’eau et la nourriture. Ils étaient réalisés en poterie tendre, à l’aide d’une pâte poreuse faite d’argile et de sable. Très vite des objets anthropomorphes, en forme de personnes et d’animaux, ont servi à accompagner les défunts dans l’au-delà, conformément aux croyances funéraires de l’époque.
La période dite des Trois Royaumes (entre le 1er siècle av. J.-C et le 7e siècle ap. J.-C) est celle des débuts de la poterie dure : grâce à des températures de cuisson dépassant les 1000 degrés, les artisans de l’époque ont pu modifier les caractéristiques des premiers vases et réaliser des opérations de vitrification. Les poteries deviennent imperméables et leur fabrication s’étend à tous les usages de la vie quotidienne. Les royaumes de Goguryeo, Baekje et Silla développent ainsi chacun leur propre style.
Après la conquête de Goguryeo et Baekje, Silla unifie la péninsule coréenne. Si la céramique conserve des éléments des deux royaumes soumis, on voit apparaître sur celles postérieures au 6e siècle des petits motifs stylisés de triangles ou de fleurs qui sont tamponnés sur la surface à plusieurs reprises.
Le céladon de Goryeo
Entre le 10e et le 14e siècle, la brillante culture aristocratique est à son apogée. Grâce à leurs échanges avec la Chine, les potiers coréens introduisent un nouveau type de céramique : le céladon. En utilisant une glaçure verte ou bleu-gris translucide, on obtient la couleur du jade, une pierre sacrée. Le mélange du bleu et du vert est si harmonieux, si délicat, que le céladon de Georyeo devient rapidement indispensable pour répondre aux goûts raffinés de la noblesse. La technique innovante du sanggam (décoration par incrustation) est caractéristique de cette époque. Associés à des formes somptueuses et figuratives tirées de la nature, ces beaux vases au vernis généreux expriment le raffinement de toute cette période artistique.
Le buncheong
Le terme buncheong fait référence à une qualité de poterie en grès, légèrement grise. Ces « céladons poudrés » aux formes épurées s’inscrivent tout d’abord dans la tradition de Goryeo. Incrustés et tamponnés, ils sont essentiellement réservés à la cour. Par la suite, une forme plus créative voit le jour : les motifs décoratifs abstraits sont soit peints à l’aide d’un pigment brun de fer, soit incisés. Ils sont d’apparence plus spontanée, dans la mesure où le mouvement du pinceau crée des formes naturelles et libres. Très apprécié jusqu’à nos jours, ce type de poterie est désormais considéré comme caractéristique du buncheong, occupant une place intermédiaire entre le céladon, d’un côté, et la porcelaine blanche, amenée à se développer.
La porcelaine blanche
Les dirigeants de l’époque Joseon (1392-1910) n’ont eu de cesse de promouvoir les principes du néo-confucianisme et de son système de valeurs : humanité, droiture, correction, sagesse, fidélité et sincérité en sont les maitres mots. Et la porcelaine blanche, austère et immaculée, en devient un des symboles. Inspiré des Yuan et des Ming de Chine, ce type de céramique est utilisé lors des rituels et des cérémonies qui émaillent la vie de la cour. Les porcelaines blanches et bleues (ornées de motifs peints en bleu de cobalt), très luxueuses, se répandent ensuite au 17e siècle, d’abord chez les lettrés et les familles aisées, puis dans toute la population. Elles marquent l’apogée de la céramique de l’époque Joseon.
Un héritage revisité
Les artistes coréens actuels n’ont de cesse de réinterpréter les formes et les styles classiques. Mais ils cherchent également à forger une nouvelle esthétique, soit en associant le traditionnel et le contemporain, soit en mariant les symboles ou bien encore en créant des formes géométriques nouvelles. Des artistes venus d’autres horizons, comme des sculpteurs ou des photographes, s’associent à ce mouvement pour rendre un hommage vibrant à l’exceptionnelle beauté de la céramique coréenne.