De 1950 à 1953, le conflit qui opposa le Nord et le Sud de la Corée a fait près de trois millions de victimes. Dans cette lutte fratricide, des milliers de soldats volontaires venus de 15 pays différents ont combattu le communisme sous la bannière des Nations unies. Les 3421 soldats du bataillon français ont payé un lourd tribu : 269 Français ont péri, 1350 sont revenus blessés. Pour qu’au final, la bataille se termine sans vainqueur…
Les origines de la Guerre de Corée
En 1945, le Japon vaincu doit se retirer de la Corée, qu’il occupait depuis 1910. L’Union soviétique et les États-Unis envisagent une division temporaire du pays, le long du 38e parallèle. Les premiers prennent le contrôle du nord, tandis que les seconds administrent le sud. L’idée est de réunifier ces deux zones après la mise en place d’élections nationales.
Mais les tensions entre les deux grandes puissances se polarisent autour d’un Nord communiste, d’un côté, et un Sud capitaliste, de l’autre. En 1948, deux gouvernements distincts sont établis : la République démocratique populaire de Corée (Corée du Nord) dirigée par Kim Il-sung au nord et la République de Corée (Corée du Sud) dirigée par Syngman Rhee au sud.
Le 25 juin 1950, la Corée du Nord lance une invasion militaire surprise du Sud, déclenchant ainsi la Guerre de Corée. Le but est simple : tenter de réaliser la réunification forcée de la péninsule coréenne sous le contrôle total des communistes. Il s’agit aussi pour Kim Il-sung de consolider son pouvoir intérieur en tant que leader de la Corée du Nord. Soutenu par l’appui militaire et logistique de l’Union soviétique et de la Chine, il est persuadé de pouvoir remporter une victoire rapide.
L’attaque surprise lui permet rapidement de réaliser des avancées significatives vers le sud, mais les États-Unis, aidés par une coalition de pays membres des Nations unies, parviennent à le repousser. Les combats sont féroces, avec des gains territoriaux et des contre-offensives de part et d’autre. Séoul est dévastée. Finalement, le Sud parvient à stabiliser la ligne de front près du 38e parallèle.
Les combattants français de la Guerre de Corée
Même si la force représentée par les 3421 soldats français est difficilement comparable aux 1,7 million de GI et aux 3 millions de « volontaires » désignés par la Chine, il ne faut pas oublier que des combattants français se sont sacrifiés pour la liberté de la Corée du Sud.
En effet, dès 1950, les États-Unis ont appelé leurs alliés à l’aide. Mais le gouvernement français de René Pleven hésite à s’engager, craignant l’influence du Parti communiste français. Finalement, un compromis est trouvé : la France enverra un bataillon de « volontaires » sous le commandement du général Ralph Monclar, un héros de la France libre.
Embarquant en catimini le 25 octobre 1950, le bataillon français se compose d’un groupe hétéroclite de soldats, comprenant d’anciens combattants de la coloniale et de la France libre, des anticommunistes fervents et des jeunes cherchant l’aventure. Ils arrivent en Corée du Sud et sont intégrés à la 2e division d’infanterie américaine, participant à des actions audacieuses contre l’offensive chinoise qui déferle sur le front.
Le bataillon français se distingue lors de la bataille de Chipyong-ni en février 1951, tenant bon face aux attaques. En mettant un coup d’arrêt à l’offensive chinoise, il évite une escalade nucléaire du conflit. Sa bravoure redore le blason de l’armée française, terni par la défaite de 1940, et impressionne le commandement américain.
L’armistice du 27 juillet 1953
C’est finalement le 27 juillet 1953, dans le village frontière de Panmunjeom, que les belligérants, épuisés par trois années d’une guerre sans pitié, signent un armistice qui met fin aux combats et restaure la frontière entre le Nord et le Sud. La convention (hanguk jeonjaeng hyujeon hyeopjeong, 한국 전쟁 휴전 협정 ) est signée par le commandant en chef des forces des Nations unies, le commandant suprême de l’armée populaire coréenne et le commandant des volontaires du peuple chinois.
L’article 1 de l’armistice instaure une ligne de démarcation militaire dans une zone tampon de 4 km de large, communément appelée la zone coréenne démilitarisée, ou DMZ. Truffée de mines, elle s’étend sur 248 km, d’est en ouest, et on ne peut pas la franchir. Le seul point de passage possible sur cette frontière est celui de la Joint Security Area (JSA, ou zone de sécurité commune), à 1 km à l’est de l’ancien village de Panmunjeom, aujourd’hui disparu.
Ce fragile cessez-le-feu n’a jamais permis d’aboutir à la signature d’un traité de paix, et techniquement, la péninsule coréenne reste en état de guerre.
Pour en savoir plus
Consultez le texte de l’Armistice du 27 juillet 1953
La guerre de Corée : 1950-1953 / textes Ivan Cadeau, Olivier Racine, Rodolphe Ragu (2023). Éditions ECPAD, collection « Images de ». 152 pages. ISBN : 978-2-9583990-2-3. 15,00 euros – Acheter chez Decitre
La guerre de Corée, 1950-1953 : Guerre froide en Asie orientale / de Patrick Souty (2022). Éditions PUL, collection Conflits contemporains. 255 pages. ISBN 2-7297-0696-8. Prix : 16,00 euros – Acheter chez Decitre
La Guerre de Corée : 1950-1953 / de Ivan Cadeau (2016). Editions Perrin, collection Tempus. 367 pages. ISBN 978-2-262-06449-5. Prix : 9,00 euros – Acheter chez Decitre.
La guerre de Corée : entre guerre mondiale et guerre froide / de Quentin Convard (2014). Éditions Le Petit Littéraire, collections Grandes batailles. 40 pages. ISBN : 978-2-8062-5582-2. Prix : 9,99 euros – Acheter chez Decitre