Le huitième jour du quatrième mois lunaire, les Coréens célèbrent la naissance de Bouddha. Cette fête est connue sous le nom de Seokga tansinil, mais on l’appelle aussi Bucheonim osin nal, ce qui signifie « Le jour où Bouddha est venu ». Bien que le bouddhisme en Corée du Sud ne soit réellement pratiqué que par une minorité de personnes, cela reste une journée importante, et qui plus est, fériée. Voici un petit rappel historique et culturel.
Quelques repères historiques du bouddhisme en Corée du Sud
Le bouddhisme se dit bulgyo en coréen. Cette philosophie a fait son apparition dans la péninsule vers la fin du 4e siècle. Dès l’origine, le bouddhisme coréen a en quelque sorte « absorbé » le chamanisme déjà bien implanté sur le territoire, en intégrant ses trois divinités dans son propre panthéon. Et comme les moines coréens ont aussi voulu résoudre certaines des incohérences du bouddhisme primitif, cela a donné naissance à une approche finalement un peu différente en Corée.
Le bouddhisme s’est très rapidement répandu de 372 à 668, pendant la période dite des Trois Royaumes. De nombreuses écoles ont vu le jour à l’époque de Silla, et plus encore pendant Silla unifié (668-935). Des temples magnifiques ont été construits, comme celui de Bulguksa à Gyeongju. C’est également à cette époque que le seon (le zen japonais) est apparu. De nos jours, ce courant reste prédominant en Corée.
Par la suite, le bouddhisme s’est renforcé en devenant religion d’État au temps de Goryeo (918-1392). Une période faste, qui a permis la rédaction du Tripitaka Koreana, un recueil de textes sacrés dont les planches d’impression sont aujourd’hui conservées au temple Haeinsa, près de Daegu. Toutefois, malgré sa force, et sûrement en raison de la corruption de ses élites, le bouddhisme coréen a fait l’objet d’une lourde répression pendant la dynastie Joseon (1392-1910). Les souverains de l’époque ont préféré favoriser le confucianisme.
Pendant l’occupation japonaise, il y a eu de fortes dissensions entre les tenants de la tradition japonaise, favorable aux prêtres mariés, et deux de la tradition coréenne, qui préconisait le célibat. Les premiers étaient clairement favorisés au détriment des seconds. Toutefois, après l’indépendance, les moines célibataires ont repris le contrôle des temples.
Les temples bouddhiques de Corée du Sud
Visiter un temple coréen est toujours un moment fort pour la plupart des touristes. C’est d’ailleurs sûrement l’une de mes occupations favorites en Corée. J’aime l’atmosphère paisible qui se dégage des lieux (surtout lorsqu’ils sont à flanc de montagne), la ferveur des croyants qui méditent, le parfum de l’encens (hyang), ou encore la beauté des peintures et des ornementations sculptées, qu’elles soient en pierre ou en bronze.
Les éléments d’architecture des temples sont partout les mêmes. On y trouve une grande porte d’entrée (Iljumun), suivie de la porte des Quatre Rois Célestes (Sacheonwangmun), différents pavillons et autels dont le bâtiment principal (Daeungjeon), des pagodes et des ermitages. Contrairement à leurs homologues chinois et japonais, les temples coréens proposent une palette de couleurs extrêmement riche (dancheong), allant du rouge au bleu, au vert, au jaune, au noir, au blanc. En bref, une profusion de coloris lumineux et éclatants et de splendides décorations, qui ne peuvent laisser personne indifférent.
Templestay
Il est tout à fait possible de séjourner dans un temple en Corée, c’est ce que l’on appelle le templestay. On peut y passer la nuit, ou bien choisir une retraite de quelques jours. Dans tous les cas, il vous faudra suivre un programme pré-établi : suivre la vie monastique qui impose de se lever tôt et de se coucher tard, et occuper ses journées entre méditations et promenades. Je n’ai pas encore eu l’occasion de dormir dans un temple, mais j’en ai visité plusieurs. Ce qui m’a marqué, c’est la grande bienveillance des prêtres et des occupants, toujours prompts à vous aiguiller et à vous encourager.
Le site internet dédié à cette opération recense trente-deux temples dans tout le pays qui proposent plusieurs formules. Il est possible de réserver à distance celle qui vous convient le mieux.
Les fêtes bouddhiques en Corée du Sud
Il est courant pour les Coréens de venir au temple pour demander aux dieux d’intervenir en leur faveur ou en faveur de l’un de leurs proches. Ainsi, à l’approche des examens universitaires (suneung), nombreux sont les fidèles à prier avec ferveur pour la réussite de leurs enfants. Mais la fête la plus importante reste la naissance de Bouddha, dont la date dépend du calendrier lunaire. En 2020, l’anniversaire de Bouddha est le 30 avril, mais en raison de la pandémie de Covid-19, les festivités ont été reportées à la fin du mois de mai.
La plupart des réjouissances commencent une semaine avant l’événement. Les rues et les abords des temples se parent de milliers de lanternes. Il est possible d’en faire une soi-même, en échange d’une petite obole. On y inscrit son nom et le vœu que l’on souhaite voir réaliser. Le jour même de l’anniversaire, les moines offrent en général le thé et parfois des repas végétariens comme le sanchae bibimbap. On peut également assister à des jeux traditionnels ou à des performances, comme celle des danses masquées.
Yeon Deung Hoe, le festival des lanternes de lotus à Séoul
Événement très médiatisé, le festival des lanternes de lotus existe depuis plus de mille ans. Illuminez votre cœur et le monde ! C’est un peu la devise de ces grandes réjouissances avec, au programme, des expositions, des performances artistiques et culturelles, des ateliers, et bien sûr, la mémorable parade qui part de l’université Dongguk, longe la rue centrale Jongno, et se termine au temple Jogyesa. Un moment magique, où des milliers de gens en costume défilent dans la rue au son de la musique classique coréenne, portant autant de lanternes lumineuses en forme de dragons, de pagodes, d’éléphants blancs ou de fleurs de lotus.
Les abords des rues commencent à se remplir de monde dès la fin de l’après-midi. Vous pouvez venir une heure avant que la parade ne commence, vous aurez sûrement encore de bonnes places tout au long du parcours. Ne restez pas trop près des stations de métro, les gens ont tendance à s’y agglutiner.
Surveillez aussi attentivement les réseaux sociaux des sites d’informations touristiques : certaines places sont réservées aux visiteurs internationaux et les demandes ont lieu généralement entre trois semaines et un mois avant l’événement. En 2018, la parade a eu lieu sous la pluie, ce qui a gâché un peu la fête, mais c’était assez exceptionnel, il fait en général très bon au printemps. Si vous manquez l’événement, une autre mini-parade a lieu le lendemain dans les rues d’Insadong.
Comment se rendre au festival Yeon Deung Hoe à Séoul ?
Les rues du quartier de Jongno sont fermées à la circulation pour permettre le passage de la parade. Le mieux est d’emprunter le métro et de descendre à Jonggak, Jongno 3-ga ou Jongno 5-ga sur la ligne 1.
Le festival des lanternes de lotus du temple Samgwangsa à Busan
Un autre événement mémorable est la décoration du temple Samgwangsa, à Busan. Des lanternes de toutes les formes et de toutes les couleurs en recouvrent la totalité ! La vue de nuit, lorsqu’elles sont toutes illuminées, est à couper le souffle. Le panorama depuis le haut de la colline est particulièrement enchanteur et vaut à elle seule le déplacement. Ce festival, qui dure un mois, est essentiellement visuel. Il n’y a pas d’autre activité que celle de vous promener une heure ou deux dans le temple, mais je ne connais personne qui ait été déçu par le spectacle. Ne manquez pas d’y aller si vous êtes à Busan à ce moment-là.
Comment se rendre au festival de Samgwangsa à Busan ?
Prenez la ligne 1 ou la ligne 2 et descendez à Seomyeon. De là, plusieurs possibilités s’offrent à vous, la plus simple étant de prendre un taxi qui vous coûtera environ 5 000 wons (4 euros). Différents bus vous emmènent également au temple, les plus rapides étant les bus 81, 54 ou 133 près des sorties n°11 ou 13. Attention, celui-ci n’est pas entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite.
Le festival des lanternes Dalgubeol de Daegu
C’est sûrement l’un des plus émouvants festivals de Corée du Sud. L’un des plus anciens aussi, puisqu’il avait déjà lieu au 10e siècle. Il ne s’agissait pas d’un festival religieux à l’époque, mais simplement d’un rassemblement entre des personnes qui se souhaitaient bonne chance en faisant voler dans le ciel des milliers de lanternes.
Ce festival, qui célèbre désormais la naissance de Bouddha, connaît un véritable regain d’intérêt ces dernières années : pour faire voler une lanterne dans les meilleures conditions, il faut acheter son billet à l’avance par internet, et tout est complet en quelques minutes ! Sinon, il faut se rendre sur place le jour même, de 13h à 16h, et tenter d’obtenir l’une des 6000 places gratuites (les premiers arrivés sont les premiers servis). Le spectacle a lieu ensuite de 19h à 21h. Il faut s’armer de patience. Je ne conseillerais pas d’y aller expressément, mais si l’on est dans les environs, ce festival mérite un petit détour.
Comment se rendre au festival Dalgubeol de Daegu ?
L’événement a lieu dans le stade de baseball du parc Duryu à Daegu. Depuis la gare KTX de Dongdaegu, la course en taxi vous coûtera environ 11 000 wons (9 euros). Vous pouvez également prendre la ligne de métro n°1 jusqu’à la station de Myeongdeok, puis un bus n°805, 706 ou 650 jusqu’à l’arrêt « Duryu Suyeongjang ap« . D’autres trajets sont possibles.
Les principaux temples qui fêtent la naissance de Bouddha
- à Séoul : Bongeunsa, Jogyesa
- à Busan : Samgwangsa, Beomeosa, Haedong Yonggungsa
- à Gyeongju : Bulguksa
- près de Ulsan : Tongdosa
- dans le Jeollanam-do : Songgwangsa
Vous avez aimé cet article ? Épinglez-le sur Pinterest !