Oedo Botania est un lieu enchanteur. Ce jardin botanique de style occidental, qui recouvre la quasi-totalité d’une petite île rocailleuse de la mer du sud, est situé dans le très beau parc maritime national Hallyeo, en Corée du Sud. Partout où le regard se porte, la mer déroule son beau tapis indigo. Des eaux bleues qui contrastent avec la nature verdoyante, tandis qu’au loin, le relief montagneux de la côte forme un bel écrin à ce petit paradis terrestre. De cette excursion mouvementée, riche en émotions, je garde l’un de mes meilleurs souvenirs de voyage en Corée.
Geoje, une île portuaire
Depuis mon dernier séjour, je rêvais de visiter le sud de la Corée, et en particulier Oedo Botania. J’aime les jardins, je les parcours dès que l’occasion se présente. Je ne savais pas grand-chose sur celui-ci, si ce n’est qu’il me fallait y aller ! L’île de Geoje, non loin de Busan, était donc une étape incontournable dans mon périple méridional, puisqu’on accède en général à Oedo Botania par le petit port de Jangseungpo.
Miss Kim et moi avons pris le bus à Jinju, jolie ville où nous nous étions arrêtées une nuit pour admirer les sublimes lanternes du festival Yudeung Namgang. À l’automne, les nombreuses rizières que l’on trouve au sud offrent au regard du voyageur une jolie teinte dorée. Elles l’accompagnent jusqu’à ce que le bleu de la mer prenne le relais. Bientôt, c’est Tongyeong qui dévoile la blancheur étincelante de ses parcs à huîtres. Le panorama est à couper le souffle : des dizaines d’îles aux formes découpées s’égrènent sur l’eau comme un véritable chapelet. Geoje s’annonce enfin, délicatement d’abord, puis avec force. Le contraste est sévère, pour qui ne s’attend pas à y trouver les immenses chantiers navals de Samsung. Des cargos aussi hauts que des immeubles de cinq étages semblent vous écraser de toute leur majesté. C’est peu de dire que la première approche est intimidante !
Le port de Jangseungpo
Il n’est pas facile de se déplacer sur l’île de Geoje. Notre hôtel est près du port d’Okpo, notre bus nous dépose à un tout autre endroit, nous reprenons un bus, puis nous marchons vingt minutes, je perds espoir, mais finalement nous trouvons le Win Tourist Hotel et nos hôtes, les gens les plus charmants du monde, qui nous enjoignent d’aller nous reposer au plus vite. Moins d’une heure après, nous voilà ragaillardies et prêtes à repartir, en taxi cette fois ! Notre hôte a tout expliqué au chauffeur, nous n’avons plus qu’à nous laisser déposer devant le comptoir des ferrys du port de Jangseungpo. Il y a foule. C’est Chuseok. Les Coréens sont en vacances : nous ne serons pas seules à visiter Oedo ce jour-là ! Le prochain départ possible est à 14h00, nous avons plus de deux heures d’attente.
De l’autre côté du port, j’aperçois au loin un petit temple perché dans la montagne. La balade semble facile et nous aurons encore le temps de déjeuner avant d’embarquer. Jamais, au grand jamais, je n’aurais imaginé qu’il fallait grimper la route la plus pentue de l’univers pour y accéder ^^ ! Mais comme toujours en voyage, il ne faut pas hésiter à repousser ses limites pour découvrir des endroits charmants. Cheonmyeongsa, puisque c’est le nom de ce temple, conserve cinq volumes du Yenyeom mita doryang chambeop, un ouvrage calligraphié du 15e siècle qui décrit les rituels de pénitence et d’adoration du Bouddha Amitabha.
Le ferry pour Oedo
Haegeumgang
Il est l’heure de partir. Le ferry a du retard. Tout le monde se précipite pour avoir une place près des vitres et profiter du spectacle. Nous n’avons pas cette chance. On aperçoit les falaises rocheuses de la côte, mais je choisis de me rendre sur le pont arrière, car l’eau forme comme une pluie sur les fenêtres, et j’ai le sentiment de rater quelque chose. Plusieurs personnes se trouvent déjà à l’extérieur, et je peux enfin admirer la beauté des lieux. Les mouettes nous accompagnent, le bateau est fouetté par les vagues. D’abord doucement, puis de plus en violemment. Je m’accroche fortement à la barre, je sais que nous allons approcher d’Haegeumgang, le « diamant de la mer ».
Au risque de paraître ingénue, j’ai été « éblouie ». Je ne sais si c’est le contre-jour, la blancheur des pierres ou bien simplement la force des éléments marins, mais ce rocher torturé jaillissant au milieu des eaux restera à jamais ancré dans ma mémoire. Cette beauté brute, façonnée pendant des milliers d’années par le vent et les vagues, est véritablement un joyau des mers.
La mer est de plus en plus agitée à mesure que nous approchons, le capitaine reste prudemment à l’écart. Très vite, nous recevons l’ordre de rentrer à l’intérieur, et c’est en titubant que je rejoins ma place. Le visage encore fouetté par les vents, mon émotion est à son comble.
Oedo Botania
Pour se rendre à Oedo, le bateau doit faire demi-tour. J’aperçois le célèbre petit phare blanc et rouge de l’île. Il paraît bien loin, sachant que nous sommes toujours balotés par la mer et que, même si j’ai l’estomac accroché, cela devient difficile à supporter. Beaucoup de visiteurs débarquent d’ailleurs en piteux état. Heureusement, le jardin semble tenir ses promesses et l’envie de le visiter est la plus forte !
Après avoir vainement tenté de faire pousser des mandarines sur cet îlot rocailleux, un couple coréen, Lee Chang-Ho et Choi Ho-Suk, décide au début des années 70 de transformer l’endroit en y installant des plantes rares. Des années à façonner un jardin, inlassablement. Les températures clémentes et l’eau en abondance vont contribuer à le transformer peu à peu en utopie terrestre. Ouvert au grand public depuis avril 1995, il a d’ailleurs su très vite conquérir le cœur des Coréens. Aujourd’hui, près d’un citoyen sur cinq a déjà visité ce site touristique !
Oedo Botania est divisée en deux îles : sur celle de l’ouest, le jardin d’allure méditerranéenne ; à l’est, un espace entièrement préservé, et une végétation naturelle, où s’épanouissent les camélias. La foule se presse dans les recoins les plus célèbres : le Jardin de Vénus, la Maison Lee, l’Escalier qui mène au Paradis… En poussant un peu plus loin, le calme revient : le Parc des sculptures, le Jardin d’Eden. Tout est si joli !
Après une heure et demie sur place, il est temps de regagner notre bateau. Je quitte Oedo avec regret. Sans compter qu’il va nous falloir encore un peu de courage avant de regagner la terre ferme. La mer semble si calme, et pourtant ! Les creux sont encore plus impressionnants au retour qu’à l’aller. Cette fois-ci, les gens ont du mal à retenir leurs cris, entre rires et pleurs. Arrivée à Jangseungpo, je me dis qu’il est loin, le moment où je reprendrai la mer ! Pourtant, cette journée fut l’une des plus belles de mon séjour. Geoje, c’est promis : je reviendrai.
Comment se rendre à Oedo Botania ?
– Depuis Séoul : vous pouvez prendre un bus inter-cité pour Goeje depuis le Seoul Nambu Bus Terminal, descendre au terminal des bus interurbains de Jangseungpo, puis prendre un bus local ou un taxi en direction du port. Coût : environ 33 000 wons (25 euros). Durée : 5h40
– Depuis Busan : vous pouvez prendre un bus inter-cité depuis le Busan Seobu Intercity Bus Terminal, descendre au terminal des bus interurbains de Jangseungpo, puis prendre un bus local ou un taxi en direction du port. Coût : environ 9 750 wons (8 euros). Durée : 1h30. Ou bien vous pouvez rejoindre la station de métro Hadan sur la ligne 1, puis prendre le bus n°2000 en direction du port d’Okpo. Descendez à Okpo Jungang Sageori, prenez un bus local n°32, 33 ou 34 jusqu’au port de Jangseungpo. Coût : environ 6 650 wons (5,5 euros). Durée : 2h
– Depuis Geoje : les ports de Jisepo, Wahyeon, Dojangpo, Gujora, Haegeumgang et Dadae.
Horaires : de 8h30 à 17h l’hiver, de 8h à 19h l’été.
Tarifs de la navette, incluant l’entrée à Oedo Botania: 17 000 wons par adulte (13 euros), 10 000 wons (8 euros) pour les moins de 12 ans. De plus petits bateaux peuvent vous emmener sur l’île pour 11 000 wons (8,6 euros).
Site Internet : http://eng.botania.co.kr/