L’année dernière, les éditions Armand Colin éditaient le manuel « Horangi : grand manuel de coréen ». J’ai eu la chance de le recevoir en service de presse, et je vous en propose une petite notice critique aujourd’hui. Les éditions de manuels de coréen se sont accélérées depuis un an ou deux. Chaque livre est différent, et ce qui conviendra à un apprenant ne conviendra pas forcément à un autre. Alors voyons plus en détail ce que nous propose cet ouvrage.
Horangi : un manuel pour débutants ou faux-débutants
Savez-vous ce que signifie « Horangi » en coréen ? C’est le nom que l’on donne au tigre, l’animal emblématique de la culture coréenne. Le tigre de Sibérie a longtemps vécu sur le vaste territoire montagneux de Corée, au point que le pays était connu sous le nom de « Pays des tigres », jusqu’à sa disparition au début du 20e siècle (mais l’animal a survécu dans la partie extrême-orientale de la Russie et peut-être en Corée du Nord). Symbole de la force et de la puissance, il est de bon augure. Sous le signe du tigre, votre apprentissage du coréen devrait donc démarrer sous les meilleurs auspices ;-).
Comme le signale la préface, le livre s’adresse à un public de débutants et de faux débutants qui n’ont pas de connaissances concrètes du coréen, mais qui ont pour objectif de pouvoir communiquer dans le cadre d’un séjour touristique et dans la vie courante. Pour autant, contrairement à ce qui est indiqué dans cette même préface, le livre n’est pas tout à fait destiné à ceux qui séjourneront en Corée pour les affaires. Les thématiques choisies – l’heure, les transports, le shopping, etc. – s’adressent plutôt à un public soucieux de se débrouiller au quotidien, même quand ce quotidien implique de savoir demander où se trouve la salle de réunion.
Plus de 25 pages sont consacrées à l’apprentissage du hangeul, l’alphabet coréen. On y découvre les voyelles et les consonnes, simples puis composées, leur transcription et leur prononciation. Des pistes audio, téléchargeables sur le site de l’éditeur, permettent d’entendre le son de ces lettres, et des exercices d’écoute et d’écriture sont proposés dans le livre pour compléter l’apprentissage. En quelques jours, vous devriez pouvoir les assimiler. Je trouve très intéressante la présence des nombreux exercices qui rendent la chose ludique. Un point est fait sur la prosodie coréenne, de manière à faire travailler l’intonation, très différente de la nôtre. Enfin, l’ouvrage présente (très rapidement) les quatre structures syntaxiques fondamentales, l’ordre des mots, les verbes et les expressions utiles. Les points de grammaire sont ensuite repris dans les leçons.
Des unités pédagogiques pour progresser naturellement
Il y a en tout 17 leçons : se présenter, poser des questions simples, faire des rencontres, aller dans un magasin ou dans une banque. Chaque occasion de la vie courante est prétexte à un apprentissage progressif, annoncé dès le début de la leçon. Ainsi, on sait exactement ce que l’on va apprendre : conjuguer des verbes au présent, parler de manière honorifique, relier deux propositions, etc. C’est plutôt bien vu, car il est important de se situer dans son apprentissage et surtout, d’être motivé pour apprendre (et l’une des clés de la motivation, c’est de savoir où l’on va.).
Les leçons se déclinent de cette façon : un premier dialogue (que l’on peut écouter grâce aux fichiers sonores) rédigé d’abord en coréen, puis romanisé et enfin traduit en français. La traduction se veut naturelle, c’est pourquoi l’ouvrage donne aussi les traductions littérales quand il y en a. Par exemple :
En coréen : 한국어 공부가 어때요? 어려워요, 쉬워요?
En français : Et comment se passe votre apprentissage ? C’est plutôt difficile ou facile ?
Traduction littérale entre parenthèses : Votre étude du coréen [est] comment ? Difficile ? Facile ?
Là encore, c’est bien vu, car il est souvent plus facile pour un apprenant de comprendre la syntaxe coréenne avec une traduction littérale. Cela permet de désamorcer les questions qui ne manqueront pas de venir. Il est impossible de traduire mot à mot ces deux langues. Le système de pensée est radicalement différent. Il ne faut d’ailleurs pas chercher à tout comprendre, et je dirais même qu’il faut savoir lâcher prise, sinon votre apprentissage risque de se compliquer inutilement. À ce propos, si vous voulez d’autres conseils pour bien apprendre la langue coréenne, je vous invite à lire mon article « Comment apprendre efficacement le coréen ».
Une précision concernant la romanisation. Il existe plusieurs systèmes de transcription, et l’ouvrage n’utilise pas ici celui qui est validé par le gouvernement coréen depuis les années 2000. Il adapte le système dit McCune-Reischauer, très implanté dans la culture anglo-saxonne. Pas étonnant, car le manuel est une traduction de « Colloquial Korean, The Complete Course for Beginners », édité pour la première fois en 1996 par Routledge (puis révisé en 1999 et en 2010).
Mais revenons-en aux leçons : le premier dialogue est suivi d’une liste de vocabulaire et d’une leçon de grammaire qui aborde plusieurs notions. Puis vient un deuxième dialogue, suivi là encore d’un rappel de vocabulaire à apprendre et de plusieurs points de grammaire détaillés et les exercices qui vont avec (en moyenne 6 à 9). Chaque leçon est complétée par un point culturel : se saluer, comment utiliser les tournures honorifiques, le fonctionnement d’un bureau de poste, etc.
Une remarque importante : hormis pour les dialogues, les leçons ne sont pas romanisées. Vous ne pourrez pas aborder les points de vocabulaire et de grammaire si vous ne maîtrisez pas la lecture du hangeul. Ne négligez donc pas cette étape primordiale et nécessaire. De même, il n’y a pas de fichiers sonores pour la grammaire et les exercices, donc si vous avez des amis qui peuvent vous aider dans votre prononciation, n’hésitez pas à faire appel à eux. Prononcer correctement le coréen peut se révéler une gageure, croyez en mon expérience.
En fin de manuel, vous trouverez les corrigés des exercices, des tableaux récapitulant les formes grammaticales, et surtout un glossaire coréen-français et français-coréen des plus utiles.
Mon avis sur « Horangi : grand manuel de coréen »
Ce qui saute assez vite aux yeux, c’est le parti-pris de la simplicité. C’est déjà le cas du point de vue de la maquette : à part la couverture en couleurs avec ses jolies têtes de tigres, il n’y a pas ou très peu d’illustrations dans le livre, mais je ne trouve pas cela gênant, car la typographie est belle et claire, et ça reste aéré.
Du point de vue des contenus, ils sont là encore simples et s’adressent bien aux débutants. Bien sûr, cela reste une méthode traditionnelle, et il faut en passer par les leçons qui nous apprennent à nous présenter ou à demander son chemin. C’est un peu fastidieux, car à moins d’être une personne en âge de travailler ou un touriste en goguette, tous deux amenés à parler poliment et à poser des questions d’ordre général, le coréen « parlé » entre jeunes ou entre amis est très différent. Mais le manuel vous apprend les bonnes bases : des phrases courtes, faciles à retenir et utiles pour un séjour sur place. Il vous emmènera progressivement et naturellement vers un niveau A2 et vous pourrez même envisager sereinement de passer le niveau 1 du TOPIK.
Cette méthode n’est pas des plus récentes, mais elle a fait ses preuves (parfois, le classique, ça a du bon). L’éditeur a pris soin de proposer une traduction de qualité pour un public francophone. Donc, si vous désirez apprendre sérieusement le coréen et que vous cherchez un manuel bien fait, celui-ci devrait vous convenir. Je le conseille bien volontiers.
Pour vous procurer le manuel « Horangi »
Horangi : grand manuel de coréen
Danielle Ooyoung Pyun, In-seok Kim, Lucile Rusu
Armand Colin, 2021
ISBN : 978-2-200-62972-4
345 pages
22,90 EUR (format ebook : 14,99 EUR)
Merci pour cet article et pour le partage de ce manuel. J’aime bien le concept de traduction du coréen en français ! Cela me permettra de facilement assimiler et mémoriser les expressions.
Bonjour, et merci pour ce retour. Oui, je pense que c’est plus facile de passer par le français que par l’anglais pour apprendre le coréen, c’est donc très encourageant de voir tous ces éditeurs qui publient des manuels de coréen. Bon apprentissage et à bientôt !